Entre Joie & Colère
Antinomie de deux sentiments
Votre absence, Marquis, m’est à la fois pénible et reposante.
Ce que j’eus supputé comme un enfer fut plutôt calme et serein.
Certes je trigauderais si je vous disais ne point avoir quelque peu penser à vous mais n’imaginez point que ma ire est tarie. Loin de là, celle ci a murir est devenue plus calme mais en a gagnée en amplitude!
Je conjecture assez votre retour guilleret, tout comme je suppute vote abattement aussi soudain quand vous prendrez de plein fouet cette acrimonie retenue….
J’ai eu le temps d’analyser les situations vécues avant votre défection et je suis intiment convaincue que je suis dans mon bon droit. Vos » je t’aime » ne seront pas suffisant pour me faire revenir à vous, vous vous doutez qu’il me faudra plus que de vagues paroles et des actes plus posés…. pensez vous pouvoir m’assumer?
Dans une semaine vous serez donc là détendu, peut-être, anxieux certainement… je vous plains Marquis… je vous plains énormément…..
Vous saviez pourtant je n’admettrais rien d’autre entre vous et moi sauf ce qui avait été convenu, vous avez joué, vous avez perdu, je me suis vengée en allant me perdre là où justement vous redoutiez que j’aille( « rétorsion »). Dieu sait pourtant combien je vous aime et que j’eus aimé ne point donner raison à votre rival. Cela va vous mortifié et bien tant mieux. J’ai mal et je vous blesse et ce n’est rien encore à côté de ce que vous subirez.
Je vous hais, vous ai haï , j’ai vomis votre indifférence à mes récriminations et votre insouciance à ne point vouloir comprendre. J’eus pu concevoir tant d’autres choses mais point me faire reléguée tel un vague passe-temps au dernier rang de vos priorités. J’abhorre vos actes juvéniles que vous semblez pourtant apprécié tel un adolescent malavisé. Je ne suis pas de celle que l’on délaisse pour un virtuel passe-temps, pour cela vous en avez des milliers d’autres prêtes à se jeter à votre cou. Qui croyez-vous être pour agir de la sorte avec moi? N’imaginez point que vous êtes seul à pouvoir me faire ployer sous la déraisons, je peux me perdre avec d’autres que vous, ne vous en déplaisse, Marquis!
Tout comme j’ai abominé votre déjeuner familiale, seconde fois en deux mois, n’en doutez point je me vengerai pour ceci aussi, je vous ferai ramper avant de vous accorder encore une quelconque attention…..
Je suis cynique, je le deviendrai plus encore, il vous faudra être intelligent pour comprendre mon silence et ma colère que je vous inflige par vindicte, déréliction, vous saviez pourtant….
Peut-être trouverez-vous ces mots, je ne vous les dirai point, il vous faudra faire une démarche particulière pour les lire.
Sachez cependant que mes sentiments vous sont toujours acquis, pour le moment tout du moins, tout comme vous savez qu’il me faut si peu de choses pour que je revienne me perdre en vos bras et me noyer à nouveau dans l’océan de vos yeux…. pensez- y et ne vous murez point dans ce mutisme qui vous sied si mal et qui m’indiffère, si vous ne voulez point me perdre tout à fait….
Je suis triste, je suis blessée et j’ai mal mais je vous aime toujours éperdument….
Mme De Merteuil…